La Surcharge Mentale

La Surcharge Mentale: Ce fardeau silencieux que l'on apprend à porter

Introduction

Il y a peu, je suis tombée sur une vidéo Instagram : une femme y parlait de la charge mentale. Elle l’illustrait en se réveillant la nuit, cernée de bulles représentant tout ce à quoi elle devait penser : listes de choses à faire, rappels invisibles, tâches à anticiper. En commentaire, un homme a écrit : « Ah ! C’est donc ça, la fameuse charge mentale des femmes ? Il suffit de faire une to-do list, ridicule. »

La manière dont il a réagi, avec ce ton suffisant, m’a frappée. Et plus encore la difficulté, pour tant de femmes dans les commentaires, à trouver les mots justes pour lui répondre. Cette scène m’a donné envie d’écrire cet article, pour dire ce que tant d’entre nous n’ont pas le temps ou l’énergie de formuler : non, la charge mentale ne se résume pas à une liste. C’est un phénomène complexe, qui s’enracine dans notre histoire, notre culture, notre corps, notre quotidien. C’est pour cela que j’ai voulu écrire cet article : pour offrir une lecture plus profonde de ce que cela signifie vraiment, et pour proposer des pistes concrètes à celles qui cherchent à alléger ce fardeau silencieux.

Aujourd'hui, les femmes jonglent avec des responsabilités multiples : carrière, famille, aspirations personnelles, engagements sociaux. Si ce quotidien peut être riche de sens, il s'accompagne souvent d'une pression invisible : celle de devoir penser à tout, tout le temps. Un poids mental permanent, qui finit par user, même lorsque tout semble aller "bien".

Dans un monde où la performance est valorisée à chaque instant, la surcharge mentale devient une compagne silencieuse. Elle s’immisce partout : dans les détails, dans les gestes du quotidien, dans l’anticipation constante. Elle ne se voit pas, ne s'affiche pas, mais elle grignote la disponibilité mentale, l’énergie vitale, la joie simple d’être là.

Cet article propose de nommer ce fardeau discret mais tenace, d’en comprendre les racines sociales et culturelles, d’en repérer les signes, et surtout, d’esquisser des pistes concrètes pour retrouver de l’espace.

1. Le travail invisible : penser pour les autres, tout le temps

Ce n'est pas une liste de tâches, c'est une tête qui tourne en boucle. Se souvenir que le frigo est vide, que le petit a sport mardi, que le dossier doit être envoyé avant 15h, que le cadeau d'anniversaire de belle-maman est encore à acheter. Personne ne le demande explicitement. Mais c'est là, tout le temps. En arrière-fond.

Cette charge mentale, c'est ce que sociologues et psychologues appellent le "travail invisible". Celui qu'on ne voit pas, qu'on ne valorise pas, mais qui fatigue plus que n'importe quelle réunion. Penser à penser. Prendre en charge l'organisation quotidienne sans que cela ne soit reconnu. Et souvent, sans même pouvoir s'en plaindre, parce que "tout le monde est débordé".

Mais non. Tout le monde ne pense pas à tout. Tout le monde ne se réveille pas la nuit pour planifier mentalement la journée du lendemain. Et c'est bien là le nœud : la surcharge mentale repose sur une inégalité silencieuse.

2. Pourquoi cela touche-t-il surtout les femmes ?

Parce que cette surcharge mentale n’est pas un accident individuel. Elle est le fruit d’une construction sociale. Un héritage ancien. Celui qui a placé les femmes du côté du soin, de la vigilance, de l’anticipation, même quand elles travaillent autant, parfois plus, que leur partenaire.

La double journée n’est pas un mythe. Selon l’OCDE, les femmes consacrent en moyenne deux fois plus de temps que les hommes aux tâches domestiques. Même dans les foyers les plus égalitaires en apparence, ce sont elles qui pensent à la liste de courses, aux vaccins, aux chaussons pour la gym. Ce ne sont pas les gestes qui comptent le plus, mais la charge mentale qu’ils impliquent.

À cela s'ajoute la charge émotionnelle : anticiper les besoins, être le médiateur affectif, s'assurer que tout le monde va bien. Cette dimension invisible est rarement partagée. Et quand elle l’est, elle est souvent vue comme une faveur, jamais comme une responsabilité commune.

Le perfectionnisme, lui, fait le reste. Faire bien. Faire mieux. Dans tous les rôles : professionnelle exemplaire, mère attentive, partenaire compréhensive, amie présente, fille reconnaissante. La pression est immense. Et elle est renforcée par des injonctions culturelles toujours très vivaces. Dans de nombreuses cultures, demander de l’aide ou déléguer reste perçu comme un aveu de faiblesse. Alors on continue. On s’épuise.

Et le modèle économique n’arrange rien : absence de politiques familiales ambitieuses, congés parentaux inégalitaires, temps partiels contraints, charge logistique non reconnue... Autant de freins qui alimentent un cercle vicieux. Car cette surcharge mentale limite également la disponibilité professionnelle, renforce les inégalités salariales, et creuse le fameux plafond de verre dont je vous parlais dans le précédent article.

3. Quand le corps ne suit plus

Cette pression, ce trop-plein de pensées, finit par s’incarner. Le corps encaisse. Le mental surchauffe. L’équilibre vacille.

Cela commence souvent par une fatigue chronique : une sensation d’épuisement persistant, même après une nuit complète. Le sommeil devient fragmenté, peu réparateur. L’énergie décline, mais l’agitation intérieure reste. Le corps dit stop, à sa manière.

Les tensions musculaires s’installent : nuque, dos, mâchoires contractées. Le ventre réagit : digestion capricieuse, ballonnements, appétit instable. Tout l’organisme fonctionne en sur-régime.

Mais ce sont aussi les capacités mentales qui se brouillent : concentration affaiblie, oubli des choses simples, difficulté à prendre des décisions. Même la créativité s’émousse. L’esprit est saturé.

Sur le plan émotionnel, cela se traduit par une irritabilité croissante, une perte de patience, un sentiment d’échec ou d’inadéquation. Parfois, une forme de tristesse sourde, de solitude intérieure. C’est souvent à ce stade qu’on réalise que ce n’est plus juste de la fatigue. C’est une alerte. Et elle mérite d’être prise au sérieux.

4. Reprendre le pouvoir sur son quotidien

Il ne s’agit pas d’une question d’organisation. Il s’agit d’un rapport à soi, aux autres, et aux normes intériorisées. Reprendre le pouvoir sur son quotidien, cela demande de reconnaître ce que l’on porte, de nommer ce que l’on tait depuis trop longtemps, de mettre en lumière ce qui se fait dans l’ombre, de refuser l’invisibilisation, et de poser clairement ses besoins. Non pas comme un caprice, mais comme une exigence de respect.

Apprendre à déléguer, même une seule tâche ; aménager un moment pour soi ; mettre en place un rituel quotidien de pause ; ou encore repenser ses priorités. Sur ma page Instagram, je partage régulièrement des méthodes concrètes qui ont fait leurs preuves comme entre autres : le Time blocking, la Méthode Pomodoro, "Eat That Frog" de Brian Tracy, "Getting Things Done" de David Allen, "Make Time" de Jake Knapp et John Zeratsky, la Règle des trois e-mails, le Time boxing, ou encore la Matrice d’Eisenhower.

Ces techniques, issues de la gestion du temps et de la productivité consciente, permettent de visualiser ses priorités, de limiter la dispersion mentale et de se recentrer sur l’essentiel.

Et quand le trop-plein devient constant, il est parfois nécessaire d’aller plus loin. Se faire accompagner : par un coaching, une psychothérapie, un cercle de parole. Ce ne sont pas des solutions de dernier recours. Ce sont des choix de lucidité. Se délester de cette surcharge, ce n’est pas fuir ses responsabilités ni devenir égoïste. C’est s’offrir de l’espace, de la clarté, une respiration. C’est restaurer une forme de dignité mentale.

Conclusion : Une charge réelle, mais pas une fatalité

Ce n’est pas parce qu’on a toujours fait comme ça qu’il faut continuer. La surcharge mentale est un symptôme, pas une identité. Elle dit quelque chose des déséquilibres profonds, mais elle peut aussi devenir un levier pour changer les règles.

On ne sort pas seule de cette spirale, mais on peut en sortir en osant regarder ce qu’on a toujours minimisé ; en réapprenant à poser ses limites ; en refusant la glorification de l’effacement ; et surtout, en s’autorisant à déléguer, à demander, à ralentir. Retrouver sa clarté mentale, ce n’est pas un luxe : c’est une nécessité et c’est possible. Cela commence ici, maintenant, avec toi, un pas à la fois.

Je suis Hakima , fondatrice d’ATYPIK WOMEN.

Sociologue du Travail, Consultante en Communication & Ressources Humaines, Experte Genre & Diversité, Créatrice de contenus, Formatrice et Femme engagée pour une société plus juste, plus lucide et plus libre.
Si cet article a résonné avec toi, je t’invite à le partager, à en parler, ou simplement à t’autoriser à briller, un peu plus, un peu mieux. Parce qu’il est temps.

Pour aller plus loin…

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